Le 24 avril 2017, le monde découvrait l’envers du décor du marché de l’habillement. Cette date restera gravée dans l’esprit de beaucoup de monde et aura même fait naître certaines associations ou think tank, comme la Fashion Revolution. En effet le 24 avril 2017, le Rana Plaza, un immeuble de huit étages situé près de Dacca au Bangladesh s'effondrait, faisant plus de 1130 morts et 2000 blessés. Il accueillait cinq ateliers de confection de vêtements pour de grandes marques comme Primark, Mango, Tex (Carrefour), In Extenso (Auchan)... Ces grandes marques se sont d’ailleurs vite fait épingler par l’opinion publique. Au départ construit pour accueillir des bureaux et un centre commercial, le bâtiment était en mauvais état et pas du tout adapté. Les travailleurs avaient des journées de travail très longues pour un salaire de misère ne dépassant pas les 30 euros par mois.
Ce jour-là, nous avons tous découvert à la télé et dans les journaux une vérité que nous savions peut-être déjà, mais que nous n’osions pas regarder en face : les conditions déplorables dans lesquelles sont produits les articles de prêt-à-porter que nous achetons dans les grandes enseignes bon marché.
Et la pollution on en parle ?
En effet le drame du Rana Plaza n’a mis en exergue qu’une facette du problème : les conditions de travail. L’industrie textile est également l’une des industries les plus polluantes du monde, particulièrement dans les pays où la législation n’est pas très présente, comme la Chine ou l’Inde par exemple. En 2012, Greenpeace soulève que 70% des eaux de surface en Chine sont polluées(1) à cause de l’industrie textile. Et la pollution ne s’arrête pas là. Les produits chimiques utilisés à différentes étapes de la production des produits textiles ont également un impact sur la santé des travailleurs qui les manipulent (et même parfois sur ceux qui les portent), sur les nappes phréatiques qui récupèrent les produits chimiques dilués lors du lavage de ces vêtements…
Que ce soient la production des matières premières, la production du produit fini, le transport, le recyclage du produit… chacune de ces étapes a malheureusement un impact négatif sur la planète.
Le Danish Fashion Institute met également en avant des chiffres édifiants(2) : la production et le transport de composants et produits finis du secteur de la mode conduirait à l’émission annuelle d’1,8 milliards de tonnes de gaz à effet de serre. Ces émissions atteindraient 2,8 milliards de tonnes en 2030. Ce ne sont pas moins de 79 milliards de mètres cubes d’eau qui sont utilisés pour la fabrication
textile chaque année.
Alors que le 29 juillet dernier, la plupart des médias nous alertaient sur le “jour de dépassement de la Terre”, comment est-il aujourd’hui possible de consommer autant d’eau et d'émettre autant de gaz à effet de serre pour produire des vêtements et accessoires ? Le “Earth Overshoot day” est apparu dans les années 70, période à laquelle nous avons commencé à utiliser la terre à crédit. Calculée chaque année par le Global Footprint Network, un institut californien de recherches internationales, cette journée, chaque année de plus en plus précoce, est un bon signal d’alarme. Il faudrait aujourd’hui 1,6 planète chaque année pour assouvir les besoins de l'humanité(3). Peut-être que certains de nos comportements doivent évoluer et depuis quelques années les consommateurs ouvrent les yeux et veulent consommer de manière plus responsable.
Surproduction, surconsommation, est-ce vraiment nécessaire ?
Ces chiffres sont d’autant plus édifiants que la grande majorité des vêtements produits ne servent qu’une fois, voire pas du tout, ou en tout cas ont une durée de vie très courte. Selon l’Environmental Protection Agency, les déchets textiles ont augmenté de 811% depuis 1960 et ces derniers finissent pour la plupart à la poubelle, sans être recyclés. Cela fait ainsi 1,7 million de tonnes de déchets textiles en 1960 pour plus de 16 millions de tonnes en 2015(4). Chaque année en France, c’est 700 000 tonnes de textile, chaussures ou linges de maison qui sont mis sur le marché et seulement un tiers sont collectés après usage(5). Pour aller encore plus loin, 60% des vêtements produits chaque année terminent dans une décharge ou un incinérateur l’année même de leur fabrication(6) et deux tiers des français déclarent avoir acheté des vêtements qu’ils ne porteront jamais(7). Alors pourquoi produisons-nous autant et achetons-nous autant sachant que 12 kg de vêtements sont jetés chaque année par français(8) ? N’y-a-t-il pas un moyen de mieux produire, mieux consommer et mieux recycler pour que le consommateur, le producteur et les salariés y trouvent tous leur compte ? Les Hommes ne peuvent-ils pas repenser leur consommation et leur production pour préserver au maximum la planète ?
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